mardi 9 janvier 2007

Recette du tiramisu à la Marcel Proust (Part. 1)

12 à 15 biscuits de Savoie * 4 oeufs * 100 g de sucre soumoule * Amaretto di Saronno * 500g de mascarpone * 2 tasses de café froid * poudre de cacao
Comme promis, voici un extrait du bouquin Mark Crick.
Le narrateur est assis dans un café du boulevard Beaumarchais, à Paris. Il a commandé un cappuccino...
"C'est toutefois losque je commençai à siroter ce breuvage à petites gorgées que soudain me revint ce souvenir : la couche de poudre de cacao - celui-là même déposé à la surface du tiramisu que, dans le jardin de Combray, je goûtai pour la première fois un soir lors d'une petite réception donnée en l'honneur de l'ancien ambassadeur de Rome, réinstallée depuis peu dans le voisinage avec sa fille.
De ce lointain passé - avec ces grandes demeures disparues et ses habitants, eux-mêmes une espèce presque en voie d'extinction, semblables en quelque sortes aux ultimes créatures d'une forêt mythique - se dégageait peu à peu quelques choses d'infiniment plus vivace, à la fois désincarné et tenace ; résistant à la destruction, les fidèles souvenirs olfactifs et gustatifs réédifiaient en cet instant le palais abritant en son enceinte le souvenir de cette soirée et de ce tiramisu.
Cette émulsion de crème et de café semblait donner accès à un monde plus réel que celui au sein duquel je me trouvais assis, dans cet établissement se présentant - au mépris de la vérité - comme "la maison du café", avec des petits panneaux indiquant "de purs délices", "entrez déjeuner" ou "panini chauds", qui s'adressaient à une génération au sein de laquelle je me sentai perdu, comme un étranger" [...]
Une fois cette réminiscence évanouie, je me remis à siroter ma boisson chaude ; une fois de plus, le souvenir de cette première expérience resurgit, de cette soirée à Combray au cours de laquelle on m'avait présenté Ursula Patrignani, dont le corps souple se ployait avec la grâce d'une prima ballerina et que je vis s'incliner avec une sorte de courtoisie parodique pour me tendre une petite coupe de tiramisu ; je ressentis de nouveau le soupçon de vertige que me procurait sa présence tandis que je suivais les mouvements de sa bouche digne d'un Botticelli, trop troublé pour entendre les mots qu'elle prononçait."

Voilà, ça suffit, go back to work, la suite, in a next post...

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