samedi 27 octobre 2007

Désalcoolisation du vin : "marre que la politique française soit faite au seul profit de l’INAO"...

A lire dans Vitisphere.com une interview de Vincent Puigibet, qui produit au Domaine de la Colombette, "Plume", un vin à 9% obtenu par désalcoolisation.
Cet échange met en exergue la problématique d'appellation des vins, la position paradoxale des pouvoirs publics qui prônent d'un côté la réduction de la consommation d’alcool et refusent de l’autre d’encourager les viticulteurs innovant et cherchant des réponses à ce problème et enfin s'agace de l'inertie des pouvoirs publics à reconnaître des solutions.
Extraits :
25 000 bouteilles de « Plume » du domaine de la Colombette, vin à 9% obtenu par désalcoolisation, ont été retirées des rayons du supermarché britannique Tesco au motif que cette pratique œnologique n’est pas autorisée dans l’Union européenne. Le procédé est en revanche reconnu par l’OIV et largement utilisé dans les pays du Nouveau Monde.
Résultat : les vins français ont été remplacés chez Tesco par ceux de la société australienne McGuigan. Vincent Puigibet et son père, qui depuis 4 ans se battent pour faire reconnaître cette technique, dénoncent l’inertie des pouvoirs publics à débloquer la situation, privant les producteurs français d’importantes perspectives de développement à l’export.

La mise en accusation des pouvoirs publics est-elle selon vous la meilleure solution pour obtenir gain de cause ?

Depuis 4 ans, nous nous battons pour faire avancer le dossier. Techniquement, nos vins sont au point. Des journalistes de renom comme Jancis Robinson ne tarissent pas d’éloges sur la qualité obtenue. Certains clients sont si enthousiastes qu’il ne boivent plus que cela. Grâce au travail réalisé sur notre domaine, nous avions une avance indiscutable sur nos concurrents. Par une absence de décision, nous sommes en train de la perdre et nous ratons une chance de gagner une image de pays à la viticulture dynamique et innovante.
Face à l’inertie des Pouvoirs Publics, que pouvons nous faire sinon dénoncer haut et fort les errements de nos dirigeants et administrations, plus soucieux de défendre la viticulture AOC que celle des vins de pays ? Cessons ces combats d’arrière-garde. Les vins de pays et les vins de table représentent 90 % de la production languedocienne, 50 % de la production française. Il y en a marre que la politique française soit faite au seul profit de l’INAO. Il est temps qu’une viticulture plus progressiste et moins conservatrice puisse s’exprimer et se développer. Tous les rapports commandés par l’Etat sur la viticulture française, notamment le rapport Berthomeau, l’ont préconisé, mais cela n’a jamais été suivi d’acte. A-t-on vraiment envie de donner une chance de survie à cette viticulture au niveau international ? Cherche-t-on vraiment le développement de notre région ?
Depuis trente ans, on nous refuse le droit de jouer avec les mêmes règles que nos concurrents. Cela a commencé par des interdictions de planter des cépages qualitatifs. En 1989, on nous interdisait encore de planter du Chardonnay ! On peut aussi parler du Riesling qui est autorisé partout dans le monde sauf en Languedoc. [...] Tirons les enseignements de tous ces loupés qui nous font perdre en compétitivité par rapport à nos concurrents. Il est temps que l’on comprenne que la survie, le développement et la compétitivité de nos vignobles ne passent pas exclusivement par des subventions. L’adaptation de la législation aux évolutions du marché est certainement plus importante.
Source Vitisphère

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